Du centre à la périphérie

L’attaque avant tout. Comme discriminant, comme mot de passe, comme projet concret. Dans les faits. Même dans de petits faits. Pas dans les bavardages. Même si ce sont des bavardages habituels sur les grands systèmes. Si nous devons nous rencontrer, qu’on se rencontre à partir de cela. Dans les faits, contre les grands projets, les grands temples de la mort, les structures visibles de loin et qui attirent l’attention de tout le monde, même de ceux qui font tout ce qui est possible pour faire semblant de ne pas comprendre. Sur cela, nous sommes tout à fait d’accord. Mais pas seulement sur ça.
Tous les jours, dans nos parcours balisés, contraints par le capital et ses intérêts, nous rencontrons des cibles peu visibles. Ce ne sont pas les grandes cathédrales qui reflètent leur signification sur l’écran géant des moyens d’information de masse, mais ce sont les petits terminaux d’un monstrueux projet de contrôle et de répression, de production et d’enrichissement pour les patrons du monde. Ces petites cibles passent souvent presque inaperçues. Parfois nous les utilisons aussi, sans s’en apercevoir. Mais à partir du petit ruisseau, mince et inoffensif, se construit, à force d’affluents, le grand fleuve sale et tourbillonnant. Si nous ne pouvons pas bâtir un barrage sur le fleuve, parce que nos forces ne sont pas suffisantes, qu’on réduise au moins l’afflux d’eau, en coupant une partie de ces petits apports. Cela, nous pouvons le faire. Aucun contrôle répressif, si dense qu’il soit, ne pourra jamais s’assurer de chaque élément de l’ensemble du projet productif. La dispersion dans le territoire est l’une des conditions de la production capitaliste.
Voilà, elle peut devenir le point de départ d’une stratégie d’attaque. Une stratégie facile, qui n’exclut pourtant pas d’autres interventions plus consistantes et, considérées en elles-mêmes, plus significatives.
Mais n’oublions pas que la signification des petites attaques est donnée par leur nombre et cela est possible parce qu’il ne s’agit pas d’actions très complexes, au contraire, la plupart du temps, ce sont des faits décidément élémentaires. Nous pensons que c’est le moment d’aller du centre vers la périphérie.

Paru initialement dans ProvocAzione, n°3, mars 1987

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